(Retrouvez les épisodes 1, 2 et 3)
L’épisode 3 se terminait par ces mots :
« (…) bien des historiens considèrent que SAIGŌ fut peut-être même « l’homme politique idéal », parce qu’entièrement dévoué au service de ses concitoyens et de son domaine, sans avoir jamais été mû par un quelconque intérêt personnel. Mais pourquoi donc ces historiens pensent-ils cela ? Sur quoi ce basent-ils pour faire un tel éloge de cet homme ? Et pourquoi, si cela est vrai, SAIGŌ Takamori fut-il ce militaire accompli et surtout ce politicien « idéal » ? A vrai dire, c’est dans sa jeunesse que l’on trouve ce qui sans doute explique et est à l’origine de cette personnalité hors normes. »
Ce 4ème et dernier épisode sur la vie de SAIGŌ Takamori va donc nous conduire à remonter le temps et revenir, parce que ce sont elles qui expliquent tout, dans les premières années de la vie de cet homme considéré comme l’un des plus grands héros du bakumatsu et du début de l’ère Meiji.
SAIGŌ Takamori, également prénommé Kichinosuke, est né le 23 janvier 1828 dans la ville de Kagoshima, dans le domaine de Satsuma. Plus précisément dans un quartier appelé Kajiyachō, devenu célèbre car lieu de naissance, non seulement de SAIGŌ, mais également de YAMAMOTO Gonnohyōe, premier ministre du 16ème et 22ème gouvernement japonais, et quartier de résidence, dès son enfance, de ŌKUBO Toshimichi, autre héros de cette époque. SAIGŌ et ŌKUBO fréquentèrent d’ailleurs ensemble la même école.
SAIGŌ est issue d’une famille de samouraïs de niveau inférieur. De condition donc assez modeste, mais néanmoins au service du daimyō (le seigneur et chef de « clan ») SHIMAZU Nariakira. Après ses études, il est employé comme fonctionnaire, il est ce que l’on pourrait assimiler à un collecteur des impôts auprès des agriculteurs. C’est ainsi qu’il va prendre conscience, très jeune, de la grande précarité dans laquelle se trouve cette classe sociale. Et dès l’âge de 24 ans, il va rédiger un grand nombre de rapports à l’attention de ses supérieurs dans lesquels il évoque la nécessité d’une amélioration de leur condition. Si l’on prend en compte les habitudes de l’époque, cette démarche est assez osée, car il n’est qu’un samouraï de bas niveau. Mais il va avoir la chance d’être remarqué par son seigneur en personne.
Il convient d’expliquer à ce stade que SHIMAZU Nariakira (photo de droite) est considéré comme l’un des daimyō les plus remarquables de son époque. Déjà, il existait une sorte de slogan disant qu’il n’y avait pas de « mauvais » daimyō à Satsuma. Mais Nariakira sortait encore du lot, lisant lui-même tous les rapports ou livres blancs que ses administrés pouvaient lui faire parvenir, même les plus modestes d’entre eux. Alors que, en règle général, tous les autres daimyō des autres domaines se contentaient de les faire lire par leurs subordonnés, lesquels étaient chargés de faire le tri. Le hasard aurait voulu qu’il naisse dans un autre domaine, jamais le rapport de SAIGŌ, petit fonctionnaire de bas niveau, ne serait parvenu jusqu’à son seigneur. De plus, Nariakira était un daimyō célèbre pour être particulièrement ouvert et séduit par les civilisations et les techniques étrangères. Nous rappelons ici que le domaine de Satsuma, à la pointe sud de l’île de Kyūshū, avait eu de nombreux contacts avec les pays étrangers qu’étaient la Corée, la Chine, Taïwan, et ce notamment via le royaume de Ryūkyū. Un royaume que Satsuma avait partiellement envahi en 1609 et dont il avait fait son vassal. Ryūkyū se retrouvait ainsi sous tutelle pour moitié de Satsuma et pour moitié de la Chine. Ainsi, durant toute la période du sakoku et malgré un isolationnisme sensé être total, les îles Ryūkyū constituaient une sorte de plaque tournante entre la Chine et le Japon, les échanges se faisant dans Ryūkyū permettant de naturaliser, en quelques sortes, les produits chinois en produits japonais, que le domaine de Satsuma pouvait donc ensuite importer sans que cela soit considéré comme une entrave à l’isolationnisme. Cette ouverture d’esprit du daimyō Nariakira est prouvé par des livres blancs qu’il adressa lui-même au bakufu, c’est-à-dire au gouvernement de shōgun, dans lesquels on peut lire notamment que « la survie du Japon dépend sans doute de sa diplomatie et sa politique étrangère ainsi que dans le développement de son industrie ». Ainsi, il ne pensait pas qu’à son propre domaine, mais il réfléchissait au niveau du Japon tout entier.
C’est ainsi que SHIMAZU Nariakira fut rapidement conquis par le potentiel du jeune SAIGŌ et qu’il décida de lui donner sa chance. Très vite convaincu que les difficultés rencontrées par le gouvernement shogunal, en raison de l’arrivée des Américains – qui seront suivis 4 ans plus tard par les autres puissances occidentales – ne pourront trouver de solutions que si ce gouvernement est soutenu par des hommes de grande qualité venant d’un peu partout du Japon, il décide d’envoyer SAIGŌ auprès de ce gouvernement avec pour mission de récolter le plus possible d’informations (et de les lui transmettre) ainsi que de se constituer le meilleur réseau d’amis et d’alliés potentiels possible. Des historiens pensent que, si SAIGŌ fut honoré de cette « sélection », il n’en attribua pas la cause à son éventuelle qualité intellectuelle personnelle mais bien à celle de son daimyō envers lequel il éprouva un très grand respect, une admiration et un dévouement sans borne.
C’est ainsi que SAIGŌ, issu d’un milieu très modeste, se retrouva propulsé dans les hautes sphères de la société japonaise, pouvant s’entretenir avec des samouraïs de hauts rangs et occupant des fonctions importantes, allant même jusqu’à avoir des contacts directs avec l’épouse officielle du shōgun TOKUGAWA Iesada, la princesse Tenshōin (photo de gauche) appelée plus communément Atsu-Hime (ou Princesse Atsu), qui a l’origine était une fille adoptive de Nariakira, le daimyō de Satsuma. Celui-ci avait donc déjà réussi à la faire prendre pour femme par le shōgun, bien sûr dans un but politique.
A ce stade, si nous avons évoqué la grande intelligence du daimyō SHIMAZU Nariakira, il nous faut aussi parler, plus généralement, du domaine de Satsuma dans son ensemble, dans lequel dominait une mentalité qui le rendait différent des autres domaines à plusieurs égards. Une mentalité bien sûr impulsée par ses seigneurs. C’était en effet un domaine où la qualité humaine la plus recherchée dans sa population n’était pas, contrairement aux autres domaines, l’instruction ou l’habilité aux armes, mais le courage. Il y avait dit-on, à Kagoshima, une sorte de dicton célèbre qu’on enseignait aux enfants et qui disait, en gros « si tu dois sauter d’une falaise et que tu prends ton temps à hésiter, à réfléchir ou à pleurnicher, alors saute vite ». Dans le sens de « fais preuve de courage et plonge sans attendre ». Ainsi, c’était les hommes courageux qui étaient les plus appréciés. Sachant que ce qui définit un homme courageux, c’est celui qui se sait a priori plus faible mais qui n’hésite pas à attaquer si cela lui semble être son devoir.
Il y avait aussi un autre aspect de la mentalité des hommes de Kagoshima très important : c’était un domaine où, à l’affrontement brutal de personnes opposées par des avis différents, on privilégiait la qualité de ceux qui étaient capables de diplomatie et trouvaient le moyen (une sorte de ligne médiane?) de satisfaire tout le monde par la négociation. Quitte à devoir accepter de faire soi-même quelques compromis.
Enfin, il faut également prendre en compte la très grande influence politique de ce domaine. Nous avons évoqué plus haut le fait que Atsu-Hime, femme originaire de Satsuma, était devenue l’épouse de Iesada, 13ème shōgun de la dynastie des TOKUGAWA. En fait, elle ne faisait que succéder à une autre princesse, Kōdai-in, elle même fille de SHIMAZU Shigehide, 8ème chef du clan des SHIMAZU (dont Nariakira sera le 11ème chef de clan) et devenue l’épouse du 11ème shōgun, Ienari. Ainsi, son successeur, le 12ème shōgun Ieyoshi se retrouvait être l’héritier de la famille des TOKUGAWA par son père mais aussi le petit-fils d’un SHIMAZU par sa mère. On comprend ainsi mieux, par ce système d’alliances, le poids que pouvait représenter le domaine de Satsuma et en particulier celui du clan des SHIMAZU au sein de la politique japonaise. Et donc, par voie de conséquence, on peut imaginer la considération dont bénéficiait SAIGŌ en devenant l’émissaire ou le représentant officiel, en quelque sorte, de cette très grande famille.
Mais en 1858, il n’a donc alors que 30 ans, la vie de SAIGŌ, jusque là en pleine ascension, va connaître un revirement funeste : SHIMAZU Nariakira décède brutalement de maladie. Par fidélité pour son seigneur à qui il avait conscience de tout devoir, SAIGŌ décide alors de mettre lui aussi fin à ses jours. Mais un homme en particulier parvient à l’en dissuader. Il s’agit du moine GESSHŌ, principal du temple Kiyomizu à Kyōto. Bien qu’homme de foi, GESSHŌ (photo de droite) était aussi très impliqué dans la politique de son pays et notamment dans les réseaux composés d’opposants au gouvernement shogunal qui venait, cette année-là, de signer les Traités internationaux dits « inégaux ». Et c’est ainsi qu’il devint lui-même un homme recherché par ce gouvernement. SAIGŌ lui proposa alors de le suivre dans son domaine de Satsuma, sachant très bien que celui-ci pourrait le protéger. Mais ce fut sans compter sur le successeur de Nariakira, son frère Hisamitsu, homme de moindre envergure qui redouta la colère et les réprimandes possibles du shōgun si celui-ci apprenait que SAIGŌ avait fait échapper le moine GESSHŌ et l’avait ramené dans son domaine. Il donna alors l’ordre à SAIGŌ de tuer ce moine. Incapable de respecter cet ordre et d’assassiner celui-là même qui lui avait sauvé la vie, SAIGŌ décida alors un double suicide, l’unique moyen pour lui de désobéir tout en conservant son honneur : GESSHŌ et lui se jetèrent dans la mer, dans la baie de Kagoshima, autrement appelée à cette époque Kinkōwan.
Mais le destin allait être terrible pour SAIGŌ. Car si le moine trouva effectivement la mort en se noyant, lui-même fut épargné par les eaux. Ce qui constituait, pour un samouraï, une honte sans équivalent. On sait que le seppuku était l’acte ultime pour un « criminel » de pouvoir retrouver son honneur, rater son suicide était au contraire le déshonneur le plus total.
Suite à ce suicide raté, SAIGŌ va poursuivre une vie faite d’oppositions à son nouveau seigneur mais va finalement se retrouver expulsé de son domaine. Il va être banni dans une île située à environ 550km au sud de Kagoshima, l’île de Okinoerabu-jima, une petite île à 60km au nord de l’île principale d’Okinawa. Nous sommes en 1862, il a alors 34 ans. De personnage des plus en vue sous Nariakira, SAIGŌ est devenu un condamné au bannissement par son frère Hisamitsu auquel il s’est opposé.
De nos jours, il reste dans cette île de Okinoerabu-jima une petite construction représentant la prison dans laquelle SAIGŌ fut enfermé (photo de gauche) et où, dit-on, il passa son temps à méditer assis (zazen). A l’intérieur de sa « cage », on peut apercevoir une statue représentant un SAIGŌ très amaigri (photo de droite). Persuadé qu’il n’en sortirait jamais, SAIGŌ se laissait mourir. Mais, encore une fois, un homme vint à son secours. C’était le fonctionnaire en charge de sa garde, un dénommé TSUCHIMOCHI Masateru. Celui-ci prit particulièrement soin de SAIGŌ et réussit à le persuader de s’alimenter et de rester en vie. Pour le remercier, il est dit que SAIGŌ, de l’intérieur de sa prison, aurait alors donner des cours aux enfants de cette île où, à l’époque, il n’existait pas d’école.
A l’attention de ce fonctionnaire, SAIGŌ laissera même un manuscrit (qui existe toujours) et qui décrit ce que doit être la mentalité d’un serviteur de l’état. Ce manifeste a pour nom « Yohitoyaku daitai », et on peut y lire des phrases telles que : « Le premier devoir d’un fonctionnaire est d’acquérir un cœur fait d’humanité. Pour cela, il se doit d’abandonner toute prétention personnelle ». « Le cœur d’une population est le cœur du divin. Le fonctionnaire se doit de considérer une demande émanant du peuple comme une demande divine et il doit y répondre en tant que telle. C’est cela que l’on nomme un bon fonctionnaire».
L’emprisonnement et le bannissement de SAIGŌ dureront finalement une année et demi, au bout de laquelle il sera gracié. A son retour à Kagoshima, toute l’expérience qu’il a accumulée jusque là va faire de lui un autre homme. Un homme dont l’un des principaux traits de caractère est ce qu’on appelle en japonais shinbōenryo, qu’on pourrait traduire littéralement en français par « pensée profonde et vision de l’avenir ». Un autre aspect de sa mentalité est décrit dans un livre retrouvé dans la ville de Tsuruoka, dans le département de Yamagata. Un livre dans lequel sont évoquées des paroles prononcées par SAIGŌ, passé dans cette région du nord du Japon lors de la guerre de Boshin. Elles décrivent sa conception de ce ce que doit être un « leader ». « Il ne cherche pas à vivre, il ne cherche pas à se faire un nom. Celui qui ne recherche ni titre ni argent est quelqu’un qui ne redoute pas de disparaître . Et seul celui qui n’éprouve pas cette angoisse de la fin peut, même au prix de grandes souffrances (intellectuelles), réussir à réaliser les grandes choses qui sont celles que requièrent un État et l’intérêt général ».
C’est doté d’une telle mentalité que va véritablement naître le SAIGŌ Takamori que l’on connait aujourd’hui, celui qui va réaliser toutes les grandes actions que nous avons décrites tout au long des 3 épisodes précédents et qui s’expliquent et se comprennent mieux.
C’est par son éducation et cette volonté de parvenir à une entente, même au prix de quelques compromis, qu’il va pouvoir réaliser l’alliance entre son domaine de Satsuma et celui de Chōshū, l’alliance Satchō dōmei. Alors que, jusque là, c’était la rivalité et même la haine qui animaient ces deux domaines.
C’est par sa vision de l’avenir qu’il va s’engager pour le Taisei hōkan , la démission du shōgun.
C’est par sa volonté de toujours privilégier la vie de la population et des « petites gens » qu’il va accepter la proposition de KATSU Kaishū qui conduira à la reddition du château d’Edo sans combat.
C’est par son renoncement aux titres et à la fortune qu’il va accepter de se retirer des « affaires » lorsque le nouveau gouvernement de Meiji le désavouera concernant l’invasion projetée de la Corée et refusée par l’Empereur sur les conseils de IWAKURA Tomomi.
C’est animé par ce même sentiment qu’il commencera une retraite dans la simplicité – celle qu’évoque sa statue, en simple kimono et accompagné d’un chien, qui se trouve dans le parc de Ueno à Tōkyō (photo du bas).
C’est son respect indéfectible à sa condition première de samouraï qui le conduira à sortir de cette retraite, à la demande de tous les autres samouraïs qui avaient besoin de lui comme chef de ce qu’on a appelé la Rébellion de Satsuma durant laquelle il combattra jusqu’au bout du bout, jusqu’à l’extrême limite et que, finalement, il se donnera la mort à la veille d’être défait (voir les épisodes précédents).
Et si certains peuvent se demander pourquoi cet homme prendra, malgré tout, la tête de la Rébellion de Satsuma contre le nouveau gouvernement qu’il a lui-même contribué à former et dont il a même occupé la tête durant l’absence des deux autres grands théoriciens du renouveau et de la Restauration de Meiji, ŌKUBO Toshimichi et KIDO Takayuki, tous deux partis à l’étranger au sein de la mission Iwakura, la solution est la même que celle qui répond à cette autre question « En quoi cet homme est-il considéré comme ayant été l’homme politique idéal ? » : c’est parce que SAIGŌ Takamori fut cet être ayant abandonné toute cupidité, toute gloire, et toute fortune personnelles et surtout, cet être capable de faire la différence entre l’homme d’État – et toutes les douleurs que l’intérêt général peut parfois infliger aux intérêts particuliers – et l’homme privé, doté de nobles convictions personnelles.
L’intérêt général et même la survie du Japon lui avaient fait comprendre la nécessité d’abandonner l’ancien ordre administratif des han ou domaine et, par voie de conséquence, de supprimer la classe des samouraïs qui en étaient aussi bien les administrateurs que les combattants. Mais, samouraï lui-même, il comprenait mieux que personne la souffrance que cela représentait pour cette classe, comblée de privilèges depuis des centaines d’années. C’est pourquoi, au nom de l’intérêt général, ce fut lui qui promulgua l’édit appelé Haihanchiken, c’est-à-dire la dissolution des han et la mise en place des ken, et que dans la foulée, il fit promulguer la loi dite Sanpatsu-dattōrei (qui interdit le port du katana et imposa de renoncer au chonmage, la coiffure traditionnelle des Japonais comportant un chignon). On dit même que, si cela n’avait pas été l’œuvre d’un homme tel que SAIGŌ, infiniment respecté dans tout le pays, jamais les autres samouraïs n’auraient accepté de se soumettre à de tels ordres, fussent-ils des lois. Mais c’est aussi, après avoir été désavoué par ce même gouvernement et une fois redevenu (presque) un « simple particulier », et qu’il savait combien il avait fait souffrir ses frères d’armes, qu’il accepta de prendre la tête de la Rébellion de Satsuma, et c’est sans doute là le détail le plus important, en sachant d’avance qu’il n’en ressortirait pas vivant, connaissant mieux que quiconque la force de la nouvelle armée impériale qu’il avait lui-même contribué à créer au sein du nouveau gouvernement Meiji. Certains historiens, qui analysent encore de nos jours et essayent de comprendre la psychologie de cet être hors normes, prétendent même que, s’il ne se considérait lui-même que comme un être « normal », il avait très certainement aussi conscience d’être une sorte de symbole aux yeux des autres. Et que s’il alla ainsi jusqu’au bout dans cette Rébellion de Satsuma, c’est-à-dire jusqu’à la mort, c’est parce qu’il avait conscience que, pour arrêter définitivement cette révolte des samouraïs et surtout pour éviter d’en voir d’autres surgir, il devait, lui, symbole de cette rébellion, disparaître et mourir. Ce qu’il fit le 24 septembre 1877. Il était alors âgé de 49 ans.
Et c’est sans doute pour cette capacité à se dédoubler, à être en même temps le plus désintéressé des hommes politiques, capable d’être un homme d’État ne considérant que l’intérêt général ou supérieur de la nation, tout en étant l’homme privé le plus conscient de la fierté des individus qui luttent pour défendre leurs intérêts particuliers et leur honneur, que SAIGŌ Takamori est entré dans la grande légende du bakumatsu et des débuts de l’ère Meiji et que, aujourd’hui encore, beaucoup de Japonais le considèrent comme l’une des plus grandes figures de toute l’histoire du Japon…
(C.Y.)