Yves LE PRIEUR – AIHARA ShirōTANAKADATE Aikitsu

Ils sont trois, un Français et deux Japonais, à avoir contribué à la réalisation d’un exploit en commun mais chacun d’eux a aussi sa propre histoire.
C’est en effet sous la direction du troisième, sur des plans importés de France et sur un appareil construit par le premier que celui-ci, accompagné par le second, a réalisé à Tōkyō le tout premier vol d’un planeur.
Est-ce clair?

Recommençons.
Yves LE PRIEUR est un marin français et dans sa jeunesse, alors qu’il était enseigne de vaisseau, il fut envoyé au Japon, attaché à l’Ambassade de France. Il y séjourna de 1908 à 1910. Passionné par l’aviation, il construisit un planeur fait de bambou et de toile. Grâce à l’aide du géophysicien TANAKADATE Aikitsu.
Et le 9 décembre 1909, dans le Par13330931_1193357384021429_6574174428166541060_n-1c d’Ueno, au-dessus de l’étang de Shinobazu, il devient, avec AIHARA Shirō, le premier Français à voler dans le ciel du Japon. Et en fait, ils réalisent ce qui reste dans l’histoire de l’aviation japonaise le tout premier vol d’un engin non motorisé et qui va ouvrir la voie de l’aéronautique dans ce pays.
Un très grand succès réalisé devant tous les dignitaires français de l’Ambassade, de nombreuses personnalités japonaises, devant la presse, et donc encore une fois, le fruit d’une collaboration franco-japonaise « gagnante » sous l’ère Meiji, en sa 42ème année très exactement.

Mais chacun des membres de ce trio a aussi sa propre histoire, totalement sans rapport avec l’aviation et tellement remarquable qu’on ne peut l’occulter ici.
En effet, si AIHARA partit ensuite ensuite en Allemagne où il devint (c’est plutôt tragique…) le tout premier japonais accidenté de l’histoire de l’aviation de son pays, Yves LE PRIEUR fut en fait passionné par les arts martiaux, il entra au Kōdōkan du maître KANŌ Jigorō (l’inventeur du judo) et devint la première ceinture noire occidentale de ce sport ! Et ce n’est pas tout… Passionné par la plongée sous-marine, inventeur de génie aussi bien dans l’aviation mais aussi d’un scaphandre qui porte son nom, le scaphandre autonome « Fernez-Le Prieur » breveté en 1926, il est aussi celui qui, des années plus tard, en 1939 plus précisément, rencontrera et transmettra la passion de la plongée à un jeune officier de marine du nom de Jacques-Yves COUSTEAU…!
Quant à TANAKADATE Aikitsu, il est surtout célèbre pour une toute autre raison: c’est lui qui a théorisé en 1885 ce qu’on appelle le Nippon-shiki. Qui n’est autre que la première forme de retranscription moderne des hiragana et des katakana en lettres latines, les fameux rōmaji !
Un homme de sciences et de lettres qui eu donc des liens forts avec la France présente au Japon sous l’ère Meiji, ce qui lui valu, entre autres décorations, de recevoir en 1928 celle de la Légion d’Honneur.
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(C.Y.)