Rencontres des «grands» à Giverny.
 
4380402_6_13a0_ill-4380402-7b51-28_edaadb0f1dd1fee1f83b08e686760ef3On le sait, la peinture a beaucoup contribué aux relations franco-japonaises.
Et quand on dit peinture et relations franco-japonaises, on pense bien sûr à impressionnisme, et quand on dit impressionnisme, on pense bien entendu à Claude MONET. Et quand on dit MONET, on pense à Giverny, sa maison telle qu’on peut la visiter de nos jours, avec son pont japonais dans le jardin et l’impressionnante collection d’estampes dans la maison.
Mais derrière l’art, il y a des rencontres humaines. Et notamment l’amitié qui unit MONET à CLEMENCEAU depuis leur jeunesse. Et tous deux ont une centre d’intérêt commun: le Japon.
 
Et si l’on contemple l’histoire par cet angle, voici un court résumé de rencontres tout à fait remarquables de par leurs acteurs.
Un couple japonais, les KUROKI, dont l’épouse s’appelle Takeko, se lie d’amitié avec le peintre. On la voit en 13339428_1195246447165856_8872517054244352962_n-1compagnie du Maître sur la photo de droite. Qui les a présentés? Difficile de l’affirmer de façon formelle. Mais KUROKI Sanji, le mari de Takeko, est le fils aîné de KUROKI Tamemoto, grand général ayant notamment participé à la guerre russo-japonaise. Une guerre qui convaincra encore plus Clemenceau, devenu peu après Président du Conseil, de renforcer les liens entre la France et le Japon (nous reviendrons surement sur l’histoire l’amour de Clemenceau pour le Japon, c’est véritablement passionnant…). Et donc ce n’est pas par hasard qu’on aperçoit «le Tigre» sur cette photo – on le distingue très bien à l’extrême droite du petit groupe – et qu’il soit accompagné de Japonais.
 
De plus, Takeko, l’épouse de KUROKI Sanji, est la nièce d’un homme d’affaires japonais du nom de MATSUKATA Kōjirō. Lui-même fils de MATSUTAKA Masayoshi qui fut, à deux reprises, Premier Ministre du Japon sous l’ère Meiji et donc que connait CLEMENCEAU. Et c’est la nièce qui va présenter son oncle à Claude MONET (photo). MATSUKATA Kōjirō, qui connait b13339428_1195246447165856_8872517054244352962_n4ien la France pour avoir étudié (entre autres) à la Sorbonne, est par ailleurs un très grand amateur d’art et il devint un très grand collectionneur. Certains disent que, dès sa première rencontre avec MONET, il lui acheta 16 toiles. Et même si ces photos qui vous montrent ces rencontres avec les «enfants» datent des années 1920-1921 et qu’on est donc déjà dans l’ère suivante de Taishō, c’est bien durant l’ère Meiji que tout a commencé et la génération précédente.
 
La suite? MATSUKATA devint également un homme politique mais surtout un grand industriel qui dirigea notamment une entreprise qui est à l’origine de l’actuelle Kawasaki Heavy Industries. Mais son goût pour l’art occidental (et sa fortune) lui permit aussi de constituer ce qu’on appelle la «Matsukata collection». Pour différentes raisons, celle-ci s’est éparpillée dans le monde, mais la partie d’art français de cette gigantesque collection constitue aujourd’hui le cœur du «Musée national de l’art occidental» de Tōkyō.
Sachant aussi que des tableaux provenant de cette collection sont visibles au Japon notamment dans le Musée d’art Bridgestone également à Tōkyō et dans quelques musées de province mais aussi en France, au Musée du Louvre, au Musée d’Orsay ou encore à Beaubourg.
 
MONET, CLEMENCEAU, puis MATSUKATA… Des rencontres entre «grands» qui certes se sont développées durant l’ère Taishō et Shōwa mais qui ont débuté durant l’ère Meiji, grâce à la volonté d’un Empereur d’ouvrir son pays vers l’occident plutôt que de l’affronter…
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(C.Y.)