Pour mieux comprendre, par la géographie, l’époque du Edo-bakumatsu, littéralement « la fin du gouvernement d’Edo », qui va de 1853 et la première arrivée du commodore Matthew PERRY à 1868 (début officiel de l’ère Meiji) ainsi que les premières années de cette nouvelle ère, voici une carte du Japon, qui date de 1855 et réalisée par un Américain.
 
 

 
 
On y voit à droite la ville de Edo, siège depuis 250 ans du gouvernement des shōgun TOKUGAWA, plus au centre la capitale Kyōto (souvent appelée Kyō ou Miyako) où réside l’Empereur avec sa Cour, et sur la gauche, les trois principaux domaines (Tosa en rouge, Chōshū en vert et Satsuma en orange, qui s’opposèrent aux derniers shōgun et obligèrent finalement le dernier d’entre eux, TOKUGAWA Yoshinobu, à abdiquer et rendre au futur empereur Meiji l’ensemble de ses pouvoirs militaires, politiques et économiques. Trois domaines situés à l’ouest du pays, c’est-à-dire en même temps parmi les plus éloignés de Edo et du siège du gouvernement shogunal et parmi ceux qui sont les plus proches des terres étrangères, la Corée et la Chine, et qui sont aussi à priori les premières terres japonaises pour les bateaux arrivant de plus loin, notamment de l’occident.
 
       
 
Il faut bien avoir en mémoire que jusqu’à cette époque, chaque domaine (han) avait à sa tête un seigneur (daimyō) qui était le chef de « domaine » (hanshu) et le chef d’une famille ou d’un « clan » (d’où parfois l’utilisation de ce mot en français pour désigner les familles régnantes de chacun de ces domaines), qui était le plus souvent considéré par sa population comme un véritable suzerain que ces sujets ne voyaient le plus souvent jamais de leur vie. Si ces clans faisaient allégeance au shōgun, le reste de la population n’avait que très peu conscience de cette autorité suprême. Quant à l’Empereur, il était complètement invisible, inaccessible, d’où la facilité de croire à son statut d’être divin descendant en ligne directe d’une divinité. Même ceux qui avaient la chance de le servir directement, de l’approcher ou de le rencontrer ne le regardaient jamais dans les yeux, on dit que lui-même restait toujours dans l’ombre ou caché derrière une sorte de voile qui ne laissait qu’imaginer sa silhouette. Et on ne l’entendait jamais parler non plus, un haut dignitaire de la Cour se chargeait de retransmettre au visiteur les paroles de l’Empereur.
 
Ainsi, chaque domaine fonctionnait peu ou prou comme un « pays » autonome, avec ses propres lois et ses propres coutumes, de façon quasi indépendante. On comprend ainsi aisément que la situation géographique de ces trois domaines (Tosa, Chōshū et Satsuma) les avaient rendus encore plus indépendants du gouvernement de Edo du simple fait de la distance qui les en séparait (il fallait environ un mois pour se rendre de Tosa jusqu’à Edo) et même qu’ils s’y soient souvent opposés plus ou moins ouvertement.
Pour des raisons historiques ( il faut remonter à la période Sengoku Jidai  (dite des « Grandes Guerres » ) et à la bataille de Sekigahara ), le domaine de Chōshū fut celui qui s’opposa le plus et le plus tôt au gouvernement de Edo. Le domaine de Satsuma était plus partagé entre sentiment d’indépendance et loyauté envers le bakufu. Une loyauté qui disparaitra avec l’alliance Satchō, en mars 1866, lorsque ce domaine de Satsuma décide de s’allier à celui de Chōshū. Une indépendance clairement affichée l’année suivante: en 1867, Satsuma s’inscrira à l’Exposition Universelle de Paris sous le nom de « gouvernement indépendant de Satsuma et Ryūkyū ». Quant à Tosa, son opposition en tant que domaine se manifestera à la fin du bakumatsu, son chef devenant celui qui rédigera la demande de démission du Shōgun. Mais son opposition est surtout symbolisée depuis le début par un homme qui en est originaire, SAKAMOTO Ryōma, qui est considéré comme « la » légende du bakumatsu, celui qui a permis à l’ère de Meiji d’exister, et donc celui qui a changé l’histoire du Japon.
 

En médaillons, les principaux personnages de cette époque qui luttèrent pour l’empereur contre le shōgun, parfois aussi contre les étrangers et dont plusieurs constituèrent, dès la Restauration de Meiji, le noyau dur du nouveau gouvernement qui travailla à l’instauration d’un tout nouveau système politique et administratif tout en développant l’économie avec pour mots d’ordres, l’industrialisation, la modernisation et le commerce.
Saurez-vous les reconnaître ?

 
 
(C.Y.)