Bunmei Kaika, littéralement: «l’ouverture à la civilisation». C’est ainsi qu’on nomme, à partir d’un slogan lancé par le ministère de l’Éducation créé en 1871, ce grand mouvement de modernisation et d’occidentalisation du Japon durant l’ère Meiji.
On aura surement du mal à en apprécier la réelle ampleur mais on peut sans doute l’imaginer en lisant ce terme de «civilisation»: c’est un énorme bouleversement qu’a connu le Japon de ces années-là. Un changement de vie à marche forcée auquel la France a donc dans bien des domaines apporté sa contribution.
C’est ainsi que c’est un Français qui a très activement collaboré à apporter la lumière dans les rues du Japon. Nous sommes au tout début de l’ère Meiji, Henri Auguste PELEGRIN est nommé Oyatoi gaikokujin (voir l’article titré «Charles Edouard Gabriel Leroux») et rejoint Yokohama, un des 5 ports japonais où sont autorisés de résider les étrangers dans des sortes de concessions. Brillant ingénieur, il est chargé par un homme d’affaires japonais TAKASHIMA Kaemon de construire une usine de gaz dans cette ville, ce qui conduira Yokohama à équiper quelques unes de ses rues de réverbères au gaz qui seront inaugurés en 1872.
Et ce n’est que deux ans plus tard, en 1874, que seront inaugurés 86 réverbères dans les rues de Ginza au cœur de Tōkyō. L’empereur fit tout spécialement le déplacement en train pour admirer la féerie de l’éclairage public.
De nos jours, des réverbères que l’on trouve dans ce qu’on appelle «les rues aux réverbères à gaz» ou Gasutō-dōri, au cœur de Ginza, perpétuent la mémoire d’Henri PELEGRIN.
En photo: ci-dessus, des estampes représentant les grands sites de Tōkyō où l’on aperçoit des réverbères du quartier de Ginza durant l’ère Meiji. A gauche, Henri PELEGRIN avec à sa gauche, un réverbère qui fut photographié dans le Parc de Ueno. En haut, le plan d’illumination des rues de Ginza réalisé à la main par Henri PELEGRIN lui-même. Sa signature est bien visible en bas à droite de ce plan.
Anecdote: l’usine de gaz créée pour l’installation du gaz à Tōkyō connut quelques agrandissements jusqu’en 1879. En 1885 cette entreprise, contrôlée jusqu’ici par le gouvernement japonais, fut vendue à une société privée: la société Tōkyō Gas est ainsi née, c’est une très grande entreprise qui continue l’exploitation du gaz de la capitale encore de nos jours.
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(C.Y.)