Durant l’ère Meiji, ce sont plusieurs milliers de Français qui sont allés au Japon. Si certains y sont allés par curiosité ou par passion, un certain nombre d’entre eux firent le voyage dans un but professionnel. Mais quelle qu’en soit la raison, on ne s’étonnera pas, vu la durée du voyage de France au Japon, que beaucoup firent des séjours de plusieurs années.

Parmi les «professionnels», un grand nombre furent ce qu’on appelle des «Oyatoi-gaikokujin» soit littéralement «des étrangers employés» qu’on traduit en français par l’expression plus valorisante de «Conseiller étranger». On estime qu’ils furent 333 Français «conseillers étrangers» entre 1868 et 1889, ils furent 1578 si on va jusqu’en 1900. Et pratiquement la moitié d’entre eux (48,8% exactement) furent des militaires. La France contribua en effet beaucoup à la modernisation des armées nippones. Les armées de mer et de l’air, mais surtout l’armée de terre.

Parmi ces Français, certains sont «très connus» (tout est relatif, bien sûr). Actuellement, le plus célèbre d’entre eux est peut-être bien Jules BRUNET dont l’histoire a inspiré le film «Le Dernier Samouraï» avec Tom CRUISE dans le rôle principal. Pour ceux qui s’intéressent un peu plus à l’histoire du Japon et à cette époque Meiji, ils penseront peut-être à des noms comme BOISSONADE ou CHANOINE.

13346863_1196686853688482_3171095256289658269_nIl y en a aussi qui n’ont manifestement pas laissé de grande trace en France. Charles Édouard Gabriel LEROUX compte sans doute parmi ceux-là. Car s’il a bien une page Wikipédia à son nom en japonais, personne n’a eu l’idée de lui en consacrer une en français. Au moins jusqu’à aujourd’hui.
Né en 1851 et mort en 1926, LEROUX fut un musicien et un militaire ayant atteint le grade de capitaine. Il fit partie de la troisième mission militaire française au Japon, celle de 1884-1889. En en rapprochant ses deux spécialités, personne ne s’étonnera qu’il ait pris la direction de la Musique militaire de l’Armée de Terre; celle qui, quelques années plus tard, devint la «L’armée de Terre de la Grande Armée de l’Empire du Japon» ou «Dai Nippon Teikoku Riku Gun» qui fut la principale composante des armées japonaise entre 1871 et 1945.

Et c’est au sein de cette formation que Charles LEROUX composa notamment deux marches militaires dont l’une devint justement «l’hymne» officiel de cette «Armée Impériale japonaise» (son autre nom plus couramment utilisé en France). Cette marche s’appelle Battōtai, les paroles sont de TOYAMA Masakazu et la musique est donc de LEROUX. Et il existe sur Youtube une vidéo de cette marche tournée… en 1928! Certes, nous ne sommes plus dans l’ère Meiji. Mais les images valent le détour…!
On notera également que, à l’heure où cet article est publié, le nombre de vues s’élève à 1.269.245 vues! Ce qui prouve que de nombreux Japonais auront sûrement lu le nom de LEROUX écrit sous le titre en bas à droite et savent donc que cette marche a été composée par un Français alors que vous êtes peut-être parmi les premiers Français à le (re)découvrir!
.
 
 
(C.Y.)