Certes, c’est sous l’ère Taishô, qui succède à l’ère Meiji, que Paul CLAUDEL est allé au Japon. Mais il est né en 1868 et, de même que la Restauration de l’ère Meiji, c’est le cent cinquantième anniversaire de sa naissance que l’on célèbre donc en 2018. Et, dans le cadre cette amitié qui se trouve dans l’énoncé même du Traité franco-japonais de 1858, comment ne pas évoquer celui qui a une place vraiment à part au Japon, celui que les Japonais eux-mêmes ont surnommé « l’Ambassadeur-poète » ou shijin taishi?
 
En effet, si c’est officiellement en tant que diplomate que Paul CLAUDEL (photo de gauche) a séjourné au Japon entre 1921 et 1927, l’ambassadeur qu’il fut se doubla de l’écrivain qui est sans doute, en France, ce pourquoi il est le plus connu. Auteur de théâtre, poète, essayiste, cet Académicien et frère cadet de Camille CLAUDEL trouva dans la diplomatie le moyen d’assouvir sa soif de voyages. Et si son séjour au Japon ne fut pas des plus longs dans sa carrière au service de l’État français – il est arrivé au Japon fin 1921 et aurait dû en repartir en 1926, la mort de l’Empereur lui offrant la possibilité de prolonger sa mission pour quelques mois supplémentaire, bien de ses biographes évoque le fait que c’est bien au Japon qu’il souhaitait se rendre le plus et c’est bien ce séjour qui l’aura le plus marqué dans sa vie. Ce qui explique sans doute le « décor » dans lequel se trouve sa tombe, dans le parc du château de Brangues, à quelques encablures de Morestel, en Isère. On y trouve un petit pont qui rappelle les ponts japonais arrondis, puis un jardin « sec » ou encore une lanterne en pierre comme on en voit si souvent au Japon (photo de droite)
 
Et si l’on doit retenir quelque chose de cette ambassade de CLAUDEL au Japon, ce sera très certainement la création, en 1924, de la Maison franco-japonaise, dont il est l’un des cofondateurs avec notamment SHIBUSAWA Eiichi, l’une des figures majeures de l’ère Meiji, une Maison toujours en place aujourd’hui et qui conserve un rôle prééminent dans les relations universitaires bilatérales, ainsi que la création, en 1927, de l’Institut franco-japonais du Kansai. Dans une conférence donnée à Lyon en 2005, Michel WASSERMAN, grand connaisseur de CLAUDEL et lui-même ancien directeur de cet Institut, explique : « (…) Il se rend le 6 décembre à Osaka pour installer la Société de rapprochement intellectuel franco-japonais (cette dénomination semble résumer toute son ambassade), il s’agit de la fondation destinée à servir de tutelle juridique à l’Institut Franco-Japonais du Kansai, établissement culturel qui verra le jour dans la ville voisine de Kyoto à l’automne 1927 ».
 
Au-delà de cette double création d’organismes qui conservent, encore de nos jours, une importance capitale dans les relations franco-japonaises, on notera aussi les amitiés multiples que partagèrent P. Claudel et de nombreux artistes japonais. Parmi lesquels nous retiendrons ici un nom, celui de TOMITA Keisen (photo de gauche, en compagnie de P. Claudel). « Avec Tomita Keisen, plus jeune et alors incontestablement moins reconnu que ses deux aînés, en ce sens peut-être plus accessible à un travail de commande, Claudel va aller au delà de l’amitié artistique, fût-elle sous-tendue par la vive admiration qu’il porte à Takeuchi et à Yamamoto. Il va en effet se livrer tout au long de sa mission à une expérience de collaboration artistique aussi féconde en son genre que celle qu’il pourra avoir à d’autres périodes de sa vie avec des artistes comme Milhaud, Honegger, Barrault ou Ida Rubinstein, à cette énorme différence près qu’en l’occurrence il collaborait avec des artistes qui partageaient sa culture. » (Michel WASSERMAN). Cette collaboration artistique avec ce peintre, grâce auquel il approfondit donc sa connaissance de la culture japonaise, se retrouve notamment dans ces éventails, où l’on retrouve des poèmes courts de Claudel, visiblement inspirés de l’esprit des haïku même s’ils n’en sont pas des imitations fidèles, illustrés par TOMITA (photos en fin d’article, source : Tokyo University Digital Museum).
 
Pour terminer cette rapide évocation d’un des hommes de lettres français les plus connus au Japon, précisons que la « Société Paul Claudel » (à qui nous empruntons, pour notre bandeau, une photo de son site internet) a prévu, en cette année 2018, qui célèbre donc le cent cinquantenaire de sa naissance, de multiples événements commémoratifs dont vous pourrez retrouver les détails dans notre rubrique « Événements commémoratifs en France en 2018 », région par région, et dont voici, ci-dessous, le récapitulatif des villes et les liens correspondants:
 
– à Paris: région Île de France
– à Brangues, Morestel, Grenoble, Villeurbanne: région Auvergne-Rhône-Alpes
– à Strasbourg: région Grand-Est
– à Fère-en-Tardenois, Villeneuve-sur-Fère: région Hauts-de-France
– à Fatouville-Grestain: région Normandie
– à Aix-en-Provence: région Provence-Alpes-Côte d’Azur
 
D’autre part, plusieurs événements sont également programmés au Japon, voir < ici >
 
 
 
     
 
 
     
 
 
 
(C.Y.)