Précisons-le de suite, il ne s’agit pas de « Jean » JAURES. Mais néanmoins d’un membre de sa famille, auquel le jeune Jean vouait parait-il une grande admiration : il s’agit de Constant Louis Jean Benjamin JAURES, plus simplement appelé Benjamin JAURES (photo de gauche). Lequel, sur Wikipédia, est présenté comme son « grand-cousin ». Or il semble qu’officiellement, ce lien de parenté n’existe pas. Alors voici précisément, quel que soit le nom qu’on lui donne : Benjamin est le fils du frère (Auguste) du grand-père (Jean) de Jean JAURES. Et l’on dit que, en raison de leur écart d’âge (Benjamin est né en 1823 à Albi – et non à Paris comme l’indique Wikipédia -, Jean JAURES est né en 1859 à Castres), ce dernier l’appelait « mon oncle ».
 
Lorsque l’on observe cette famille JAURES, on constate que les descendants de ces deux « grand-pères » Auguste et Jean sont quasiment tous devenus soit de grands militaires, et en particulier des marins, soit de grands homme politiques. Charles JAURES, frère ainé de Benjamin, fut un grand amiral. Jean JAURES fut l’homme politique que l’on sait, et son frère Louis fut également vice-amiral, puis député. Jusqu’au fils de Jean JAURES, prénommé Louis, qui s’engagea l’année suivant l’assassinat de son père. Blessé au combat sur le Chemin des Dames le 27 mai 1918, il décèdera suite à ses blessures 6 jours plus tard.
 
Quant à Benjamin JAURES, il cumula les deux activités : il fut lui aussi un grand marin atteignant le grade de contre-amiral et il fut élu sénateur sous la 3ème République (photo de droite lorsqu’il est parlementaire). Mais ce sont surtout ses activités militaires – et en partie diplomatiques – qui nous intéressent sur ce site, car si cet épisode n’est étrangement pas évoqué sur sa page Wikipédia (qui n’écrit que : « Il est promu capitaine de frégate le 26 août 1861. Au 1er janvier 1869… » et crée ainsi un « trou » de 8 ans dans sa biographie), il fut présent au Japon entre 1863 et 1865 à un moment où la Marine française s’illustra dans ce pays en proie à de grands troubles.
 
Ces troubles ont pour principale origine une décision de l’Empereur KŌMEI qui règne à cette époque. En effet, pour la première depuis des dizaines d’années, il prend officiellement le contre-pied du shōgun, lequel est toujours sensé représenter l’autorité suprême en matière militaire et politique notamment. Mais cette autorité a été mise à mal face à ce que certains considèrent comme une première capitulation face aux étrangers en signant « la Convention de Kanagawa » en 1854, puis une seconde fois avec la signature des Traités dits inégaux (au détriment du Japon) en 1858. Dont le traité avec la France. Et le sentiment qui est né et qui se développe à cette époque est dominé par une idéologie appelé Sonnō-jōi que l’on explique en français par « vénérer l’empereur, repousser les barbares ». Et alors que le gouvernement shogunal fait ce qu’il peut pour faire respecter ces traités – et surtout son pouvoir – et condamne toute action belliqueuse contre les étrangers, l’Empereur KŌMEI fait promulguer, le 5 juin 1863, un édit appelé Jōi jikkō no chokumei ou «édit d’expulsion des barbares». Cet édit ne sera pas suivi par le shogunat mais certains domaines, parmi ceux qui s’opposent le plus à ce dernier, y trouvent la justification pour commettre des actes de rébellion ou des crimes contre les étrangers jugés trop envahissants. Parmi ces domaines, c’est celui de Chōshū sera le plus actif. Il décide de harceler les étrangers, et notamment dans un lieu éminemment stratégique : le détroit de Shimonoseki, du nom de la principale ville de ce domaine. Un bras de mer très étroit (quelques centaines de mètres seulement) qui sépare l’île de Honshū de celle de Kyūshū, qui constitue l’une des ouvertures sur la « mer Intérieure » japonaise et surtout le chemin le plus court pour les bateaux entre Nagasaki et Ōsaka, donc vers la capitale Kyōto (photo en bannière, le plan du détroit).
 
Mais revenons un an en arrière. Nous sommes en 1862. L’édit de l’empereur n’est pas encore promulgué, mais le slogan Sonnō-jōi est déjà bien répandu dans la population et dans la caste des samouraïs, et un autre événement va mettre le feu aux poudres. Un événement appelé en français « l’incident de Nanamugi » : en résumé, un Britannique est tué parce qu’il qui n’aurait pas respecté les lois japonaises. En croisant, sur une route, le cortège d’une haute autorité, en l’occurrence, le père du daimyō (le seigneur souverain) de Satsuma, mais en refusant de lui céder le chemin, il aurait été considéré comme non seulement ayant manqué de respect à cette autorité mais surtout comme ayant voulu attenter à celle-ci : il est abattu sur place par des soldats qui composent ce cortège. Or, selon les Traités signés en 1858, il existait une clause dite d’extraterritorialité qui permettait aux étrangers de ne pas être jugés par les lois japonaises en cas de non respect de ces lois. Et en abattant ce Britannique sans autre forme de procès, ses compatriotes considèrent que les Japonais n’ont pas respecté cette clause particulière. Nanamugi est un village tout proche de Yokohama, une ville où vivent, dans leurs concessions respectives, de nombreux étrangers. Et cet incident va générer une grande anxiété parmi ces derniers ainsi qu’auprès de leurs gouvernements.
 
Et c’est pour assurer la sécurité des ressortissants français que Benjamin JAURES, qui avait été envoyé en Asie pour prendre par aux expéditions de Chine (1860) et de Cochinchine (1861), reçoit l’ordre de rejoindre Yokohama. Il y arrive à bord du vaisseau le « Sémiramis » à la fin avril 1863. Deux mois plus tard, le 2 juillet 1863, ce navire servira de lieu de négociations entre Japonais, Britanniques et Français pour évaluer les dommages et intérêts dus par le domaine de Satsuma et le gouvernement japonais suite à cet incident de Nanamugi (photo de droite, Benjamin JAURES est au milieu du groupe de trois hommes assis sur la droite de l’illustration).
 
C’est alors que les événements se précipitent coté français. Pour rappel, l’Empereur a donc promulgué sont édit incitant à la résistance le 5 juin. Le 8 juillet 1863, un navire battant pavillon tricolore, le « Kien Chan », est attaqué dans le détroit de Shimonoseki. S’il ne subit que quelques dégâts matériel, l’affront est néanmoins caractérisé. Confirmé quelques jours plus tard par l’attaque d’un bateau hollandais cette fois, le « Medusa ». C’en est trop pour les occidentaux, et dès le 16 juillet, est dépêchée sur place la frégate américaine « Wyoming », suivie le 20 juillet par l’arrivée de Benjamin JAURES à la tête de deux navires, le « Tancrède » et le « Dupleix ». Les représailles occidentales sont lourdes : tandis que le « Wyoming » coule deux navires japonais, en touche durement un troisième et fait une cinquantaine de morts coté japonais, il est lui-même fortement endommagé par les tirs adverses qui font aussi une dizaine de morts américains. Les bateaux français, arrivés quatre jours plus tard en renfort, bombardent la côte en différents lieux (photo de gauche). Suffisamment pour faire reculer les soldats de Chōshū et estimer que le « Kien Chan » est vengé : c’est le cessez-le-feu. L’ambassadeur français DUCHESNE de BELLECOURT est satisfait et soutient JAURES. De son coté, le gouvernement shogunal l’approuve également. Car plus que d’être des compatriotes, les soldats de Chōshū sont avant tout des opposants déclarés au shōgun. Mais la France ne voit pas ces actions militaires d’un œil bienveillant, estimant qu’en raison des différents conflits dans lesquels elle est engagée dans le monde, elle ne souhaite pas prendre le risque d’en avoir un de plus au Japon.
 
Mais cette courte et intense bataille n’a rien vraiment réglé entre Chōshū et les occidentaux. Les Japonais ont certes été défaits à Shimonoseki, mais l’essentiel de leurs batteries de canons sont restées intactes. S’engagent alors de nombreuses négociations diplomatiques, mais qui ne donneront rien. Pire, les exactions des samouraïs de Chōshū contre les étrangers continuent, détruisant des propriétés privées, des églises et autre commerces un peu partout où résident les occidentaux. « Anecdote » peu connue, le 14 octobre 1863, un lieutenant français du nom de J. J. Henri CAMUS est tué à Yokohama par un rōnin, un samouraï sans maître, sans aucune raison si ce n’est celle de vouloir honorer l’idéologie du Sonnō-jōi. Ce fait est appelé « Incident de Idogaya », du nom d’un quartier de Yokohama. Furieux, DUCHESNE de BELLECOURT proteste énergiquement auprès du gouvernement, lequel tente de régler au mieux cet incident diplomatique. Il promet des réparations et commence par construire à ses frais la tombe de ce soldat. Une tombe sans doute bien oubliée et qui se trouve toujours dans le carré étranger du cimetière de Yokohama (photo de gauche, gros plan à droite). Et plus tard, profitant d’une mission japonaise en France, un dédommagement de 195.000 francs de l’époque sera versé au père de ce soldat.
 
Nous sommes à l’été 1864, les exactions s’accumulent et le détroit de Shimonoseki reste toujours fermé aux navires étrangers et la diplomatie s’enlise. C’est alors, coté français, obéissant à l’ordre de Léon ROCHES qui a succédé à de BELLECOURT, rappelé par la France quelque peu mécontente, que Benjamin JAURES est renvoyé dans une nouvelle expédition punitive au sein, cette fois, d’une grande coalition occidentale. Ce sont en effet 9 navires britanniques, 4 hollandais et trois français, le « Tancrède », le « Dupleix » (photo de droite, le Dupleix est au premier plan, le Tancrède au fond à gauche sur une peinture de Jean-Baptiste Henri DURAND-BRAGER de 1869) et le « Sémiramis » qui vont, le 5 et le 6 septembre 1864, engager une nouvelle bataille à Shimonoseki mais, cette fois, pour détruire ou s’emparer du potentiel militaire de l’ennemi (photo de gauche, des prises de guerre par les Français). C’est l’épisode appelé au Japon Shimonoseki sensō ou littéralement «guerre de Shimonoseki», plus communément appelé en français «Bombardement de Shimonoseki». Qui s’achève en à peine deux jours sur une lourde défaite du domaine de Chōshū, qui perd beaucoup d’hommes mais aussi une partie importante de ses moyens militaires sur sa partie côtière, stratégiquement si importante.
 
Du fait qu’il n’a duré que deux jours et qu’il est un conflit très localisé, ce « Bombardement de Shimonoseki » peut apparaître comme un simple épisode ou une des multiples péripéties militaires qui ont accompagné la période du bakumatsu et qui a conduit à la naissance de l’ère Meiji. Il peut paraître bien secondaire, par comparaison, par exemple, à la Guerre de Boshin qui vit se dérouler de nombreuses batailles durant deux ans. Mais en réalité, cet événement auquel Benjamin JAURES a activement participé compte parmi les plus importants de toute cette période du bakumatsu. Il va être à l’origine d’un très grand tournant aussi bien dans l’histoire japonaise que dans celle des relations franco-japonaises. Pour bien le comprendre, il faut prendre un peu de recul et analyser cet événement selon différents points de vue. Car en effet, on peut avoir tendance à l’oublier, les choses ne sont jamais simples dès lors que plusieurs belligérants s’affrontent, car bien souvent, les intérêts sont différents pour chacun d’eux. D’autre part, certains événements d’apparence mineure peuvent parfois engendrer des conséquences majeures. Ce sera effectivement le cas de ce « Bombardement de Shimonoseki ».
 
Coté japonais, le gouvernement shogunal se réjouit de cette défaite du domaine de Chōshū, qui est l’un des plus puissants du pays et un opposant presque historique. Car celle-ci s’ajoute à une autre lourde défaite subie quelques jours auparavant : le 20 août 1864, s’est produit un autre événement appelé Kinmon no Hen ou «Incident des portes interdites» également appelé «Rébellion des portes Hamaguri». Une rébellion dont le domaine de Chōshū a été tenu pour responsable par le shogunat. Et celui-ci a désormais toutes les raisons de le dissoudre comme il en a « légalement » le droit. De ce point de vue, le bombardement de Shimonoseki par les navires occidentaux, dont ceux commandés par JAURES, est tombé en quelque sorte à pic puisqu’il a fortement contribué à affaiblir encore ce domaine au profit d’un shōgun dont l’autorité, depuis la signatures des traités en 1858, était de plus en plus affaiblie. Une autorité, se dit-il, qu’il pourrait rétablir pleinement s’il parvient à éliminer le clan qui dirige Chōshū. Et c’est bien ce qu’il s’apprête à faire. Mais, contrairement à toutes ses prévisions ou ses espoirs, cette décision va en fait provoquer sa perte.
 
En effet, cette perspective de la chute de Chōshū et de sa prise en main totale par le shogunat va profondément inquiéter un homme. Il s’agit de SAIGŌ Takamori, grand chef militaire du domaine de Satsuma et grand favori de son seigneur. Un homme originaire du domaine de Tosa est venu lui faire part de ses craintes : si Chōshū tombe, le pouvoir du shōgun sera tel qu’il ne s’arrêtera plus et que sa cible suivante sera forcément le clan SHIMAZU qui règne sur le domaine de Satsuma. Il faut en effet bien se remémorer ce qu’était le Japon avant l’arrivée du commodore Matthew PERRY et de tous les occidentaux qui ont suivi – c’est -à-dire il y a 6 ans à peine : un pays composé de han ou domaines dont les clans qui les dirigent ont réussi à trouver un équilibre. Les derniers grands affrontements entre ces clans remontent à près de trois siècles, dans cette période appelée Sengoku Jidai. Et si le plus grand et le plus puissants de ces clans est bien celui des TOKUGAWA dont Ieyasu a conquis la victoire ultime lors de la bataille de Sekigahara en 1600 et si sa dynastie a fourni les shōgun depuis deux siècles et demi, chaque domaine est néanmoins une sorte d’État dans l’État, avec, sous réserve qu’il ait juré allégeance au shogunat, une indépendance quasi totale. C’est ainsi que la paix s’est installée durant toute la période d’Edo. Mais si le clan qui règne sur Chōshū, ce domaine qui est l’un des plus puissants au Japon après celui des TOKUGAWA, devait tomber, alors c’est tout cet équilibre, déjà fragilisé par l’arrivée des étrangers et de la menace qu’ils représentent, qui serait remis en question. Et Satsuma, autre domaine des plus puissants, serait très probablement menacé. SAIGŌ est profondément ébranlé par ces propos dont il perçoit toute la logique du raisonnement. Et c’est ainsi que va se produire l’impensable : non seulement SAIGŌ réussit à convaincre son seigneur du danger que constitue la chute de Chōshū et qui menace Satsuma, mais il va, avec l’aide de cet homme de Tosa, conclure une improbable alliance avec ce domaine de Chōshū qui est pourtant un ennemi presque héréditaire du sien. Cet homme de Tosa n’est autre que le légendaire SAKAMOTO Ryōma. Et cette alliance qui sera conclue est connue sous le nom de « l’alliance Satchō » qui inversera complètement le rapport de force. Le shōgun est obligé de renoncer à son rêve de dissoudre le domaine de Chōshū en n’acceptant qu’une réparation bien moins douloureuse. Et c’est aussi cette « alliance Satchō » et sa puissance militaire reconstituée qui, trois ans plus tard, conduira le shōgun à restituer à l’Empereur l’intégralité de ses pouvoirs et mettra, de fait, fin à l’ère d’Edo. Et c’est enfin cette alliance qui constituera le noyau dur de la coalition qui, combattant au nom du nouvel Empereur, écrasera tous les soutiens et les alliés nostalgiques du shogunat pourtant disparu et remportera la Guerre de Boshin.
 
Coté international, ce « Bombardement de Shimonoseki » aura aussi des conséquences importantes. En effet, durement touchée lors de tous les incidents qui se sont produits jusqu’en 1864 et ce conflit, la coalition occidentale s’est certes militairement « vengée » contre les agresseurs ( qui ont donc été principalement des samouraïs originaires des domaines de Satsuma et de Chōshū ) mais elle a profité de ce que ces domaines rechignaient à payer de forts dommages et intérêts qu’elle réclamait pour « nationaliser » ces conflits et en rendre le gouvernement shogunal le vrai responsable. Ce qui va lui permettre d’exiger de celui-ci, au-delà de sommes d’argent colossales, des avantages encore plus importants que ceux prévus par les traités de 1858 : l’ouverture de nouveaux ports, des facilités accrues de commerce, notamment grâce à une forte baisse des taxes d’importations initialement prévues, etc. Toute une série de mesures qui, elles aussi, contribueront à affaiblir le shogunat.
 
Quant à la France, la victoire remportée par Benjamin JAURES aura aussi son lot de conséquences indirectes mais de grande importance. Elle qui jusque là n’avait pas toujours été considérée au même niveau que les États-Unis ou l’Angleterre (ces deux pays ayant été les tout premiers signataires de traités dès 1854), la voilà en quelque sorte propulsée aux yeux du shogunat à un moment particulièrement important pour elle : c’est précisément l’époque où le commerce autour de tout ce qui concerne la soie prend de plus en plus d’importance, d’une part en raison des besoins grandissants de l’industrie française qui souffre des effets désastreux de l’épidémie de pébrine qui sévit en Europe sur les vers à soie et manque donc terriblement de matière première pour garantir son statut de premier exportateur mondial de soie, d’autre part du fait que pour le shogunat, qui s’est révélé être un « sauveur » potentiel de l’industrie française, ce commerce peut lui rapporter énormément d’argent. Un argent dont il a besoin pour financer sa modernisation naissante ainsi que ces nombreux conflits. Et l’on sait que les guerres coûtent très cher…
 
Et il est un petit détail presque anecdotique mais dont les véritables conséquences seront proprement énormes pour le Japon et pour les relations franco-japonaises, quand, en 1865, c’est-à-dire quelques mois à peine après ce « Bombardement de Shimonoseki », le gouvernement shogunal, convaincu de la nécessité pour lui de disposer enfin d’un lieu où réparer ses bateaux de guerre, qu’il a acheté fort cher aux étrangers mais sans avoir encore de vraies infrastructures propres à leur entretiens et à leur réparation, décide la création d’un véritable arsenal. Il s’adresse d’abord à la Marine qu’il connait le mieux depuis deux siècles, la Marine hollandaise. Mais celle-ci ayant décliné la proposition, le shogunat se tourne vers l’ambassadeur français Léon ROCHES (photo de droite), lequel va alors demander son avis au militaire qui vient de s’illustrer et en qui il a grande confiance. Benjamin JAURES va alors lui recommander un homme qui, quoi que très jeune encore puisqu’il n’a que 27 ans, est considéré comme très méritant. Et c’est ainsi que, sur proposition de JAURES, le jeune ingénieur Léonce VERNY va être envoyé au Japon et qu’entre autres actions, il y dirigera la construction l’arsenal de Yokosuka.
Une réalisation qui, aujourd’hui, est considérée par beaucoup d’observateurs et d’historiens comme ayant constitué le véritable coup d’envoi de toute la modernisation du Japon. Et ceci grâce à ce Léonce VERNY, insuffisamment connu en France alors qu’il l’est, lui aussi, bien plus au Japon, au point que nombre de personnes le considèrent comme faisant partie des 10 étrangers les plus importants et influents de l’ère Meiji. Un article qui lui est consacré sera bientôt publié sur ce site.
 
Une dernière anecdote, sans doute peu connue elle aussi, pour conclure ? Si vous vous rendez aux Invalides à Paris, vous pourrez chercher et peut-être trouver, parmi tous ceux qui y sont exposés, un canon très particulier puisqu’il fut un témoin et même un acteur du « Bombardement de Shimonoseki ». Et vous pourrez l’identifier, ainsi que le montre le petit médaillon en bas à droite de la photo de gauche, grâce au blason du domaine de Chōshū qui l’orne, qui atteste de son origine et qui fut très probablement, et un « trophée » de guerre, récupéré par les hommes de Benjamin, cet autre « JAURES » qui s’illustra au Japon…
 
 
(C.Y.)