Dans le cadre des relations franco-japonaises naissantes, on évoque très souvent l’Exposition Universelle de 1867 à Paris: ce fut en effet à cette exposition que le Japon participa pour la première fois de son histoire à un tel événement. Et ce fut ainsi, pour de nombreux Français du grand public, la première fois qu’ils pouvaient rencontrer des Japonais en chair et en os et admirer une partie importante de leur culture et des leurs arts.
Comme nous l’avons raconté dans notre article « La Culture pour séduire », pour le Japon, qui s’ouvrait au monde occidental et avait décidé de tout faire pour le rattraper, l’intérêt était évident. Il chercha aussi à séduire la France par sa culture, notamment en publiant une série de petits recueil illustrés proposant des contes et légendes japonais. Et nous avons aussi, dans l’article « Dessous et anecdote de l’Exposition Universelle de 1867 », relaté quelques péripéties japonaises durant cette première apparition où la politique et la rivalité entre clans qui était à son apogée au Japon fut, bien malgré lui, exportée jusqu’en France.
Mais, à en croire plusieurs écrits contemporains, il semble que c’est à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1878 que les relations franco-japonaises connurent leur plus gros développement. Au moins durant une Exposition Universelle. Et comme vous pourrez le découvrir ci-dessous, un travail très important fut entrepris par le Japon pour mieux faire connaître son pays. Parmi les nombreux écrits et publications qui en témoignent, voici 14 pages tirées d’un ouvrage publié sous la direction de la Commission impériale japonaise, intitulé « Le Japon à l’Exposition Universelle – 1878 » et plus particulièrement de sa première partie, « Géographie et Histoire du Japon ». Parmi la centaine de pages qui exposent l’Histoire de ce pays en prenant pour fil conducteur les 119 Empereurs qui se sont succédé depuis le tout premier, JIMMU-TENNŌ en 660 av. JC jusqu’à NINKŌ-TENNŌ qui s’éteint en 1846 et précéda KŌMEI–TENNŌ, le 120ème Empereur qui vit l’arrivée du commodore Matthew PERRY en 1853, et le premier qui nous intéresse tout particulièrement, ces 14 pages résument quelque 30 années de l’histoire du Japon, du Bakumatsu à 1878, l’an 11 de l’ère Meiji.
Et si nous vous reproduisons ici ces pages, c’est parce qu’elles nous paraissent particulièrement intéressantes pour une raison – parmi quelques autres, il est vrai, qui en font un document historique: cette histoire est racontée par les Japonais eux-mêmes. Avec parfois, semble-t-il, une certaine subjectivité, sans doute dictée par une volonté d’embellir un peu cette histoire et surtout d’y considérer les Japonais eux-mêmes comme les principaux artisans de tout ce qu’il s’est passé, notamment dans les premières années du règne de l’Empereur Meiji. La France et les Français, s’ils sont parfois cités, en sont néanmoins assez absents au regard de la réalité historique comme s’il ne fallait surtout pas trop évoquer leur importance dans le développement et les progrès accomplis par le nouveau Japon naissant. De même, comme on peut le constater dans les toutes dernières lignes, les événements plus douloureux pour le pouvoir, comme la Rébellion de Satsuma, est à peine relatée. Alors qu’elle constitua un moment très fort dans l’histoire du Japon.
Ces pages sont précédées par une 15ème, la « Préface » rédigée par M. MATSUGATA, Vice-ministre des finances, Chef du département impérial de l’Agriculture et Président de la Commission japonaise à l’Exposition Universelle de 1878.
Voici donc, pour votre plaisir et pour votre meilleure compréhension de cette période ainsi que la mentalité de ses dirigeants, ces 14 pages pleines de détails et parfois « d’absences » tout à fait savoureuses et révélatrices.
(C.Y.)