Beaucoup de Français qui se sont rendus à Tōkyō connaissent sûrement ce grand parc situé au cœur de la mégalopole géante, entre les quartiers de Shinjuku et de Sendagaya. Mais saviez-vous que ce parc aussi, tel que vous le voyez actuellement, est le résultat d’une coopération franco-japonaise sous l’ère Meiji?
Durant l’époque d’Edo, le lieu était la résidence d’un grand seigneur du nom de NAITŌ Kiyonari, proche des TOKUGAWA. Mais à l’ère Meiji, en 1872, l’État réquisitionna cette propriété pour en faire une sorte de laboratoire agricole appelé « le centre d’études agricoles Naitō de Shinjuku ». Avec l’ouverture du Japon au monde, beaucoup de plantes étrangères furent importées et placées dans ce « jardin », certaines sous serres (en haut à droite).
7 ans plus tard, l’Agence impériale (qu’on appelle aujourd’hui Kunaichō, une agence gouvernementale japonaise chargée de la gestion administrative de la Maison impériale du Japon) décide d’en faire une propriété Impériale et le lieu prend nom de « Jardin des Plantes Impérial de Shinjuku ».
Et en 1906, l’Empereur décide une nouvelle grande transformation de ce lieu en Parc, cette restauration est confiée à un Japonais du nom de FUKUBA Hayato (photo en haut à gauche). Lequel décide alors de faire appel aux lumières d’un Français, un certain Henri Eugène MARTINET, directeur de l’école qui a aujourd’hui pour nom l’École Nationale Supérieure du Paysage de Versailles (ENSP) et qu’il a rencontré lors de ses visites aux Expositions Universelles de 1889 et 1900.
Ne cherchez pas trop ce Henri MARTINET, il fait partie de ces illustres inconnus ou plutôt oubliés de notre pays et qui n’a qu’une page Wikipédia…en japonais uniquement!
Et c’est ainsi que naît officiellement, en mai 1906, le Parc rebaptisé tout simplement Shinjuku Gyoen, fruit d’une collaboration franco-japonaise. Une collaboration dont la partie du parc appelée «jardins à la française» témoigne toujours aujourd’hui.
Une petite anecdote?
La fraise est aujourd’hui un des fruits les plus appréciés au Japon. Eh bien, sachez que c’est dans cette ancienne serre du Shinjuku Gyoen de l’ère Meiji (photo en haut à droite) que fut plantée la toute première fraise au Japon. Une fraise d’espèce française appelée «Général Chanzy» (même en japonais on dit donc «generaru chanjii» !).
Et comme en japonais la fraise se dit ichigo et que, d’autre part, le 1 se dit ichi et le 5 se dit go, il a été décidé de faire du 15 janvier «la journée nationale de la fraise», journée dont le héros est FUKUBA Hayato, surnommé au Japon «le papa de la fraise» !
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(C.Y.)