Depuis son ouverture sur le Monde, le Japon est très présent à Paris. A commencer par plusieurs participations aux Expositions Universelles (à cette époque, ces expositions rassemblaient ce qui se faisait de meilleur en Europe notamment en terme de progrès industriel, les Japonais pouvaient donc y trouver, concentrées en un lieu, de nombreuses sources d’importation ou d’inspiration…), mais aussi par l’intérêt voire même la passion des grands artistes français de l’époque pour ce pays et sa culture, notamment les peintres dont les impressionnistes (les MONET, DEGAS, MANET, BONNARD et des dizaines d’autres sans bien sûr oublier le plus français des peintres néerlandais VAN GOGH), les sculpteurs comme RODIN, mais aussi les écrivains comme BAUDELAIRE ou ZOLA, des critiques d’art ou collectionneurs comme les Frères GONCOURT, Émile GUIMET ou autre Georges LABIT, des galeristes et marchands d’art dont Siegfried « Samuel » BING et bien d’autres encore. Toutes ces personnes qui ont contribué à créer et développer ce qu’on appelle «le japonisme» puis ensuite à une grande partie de l’Art Nouveau.

A cette époque, il faut aussi savoir que, dans la capitale, la mode est auxmisia « salons». Dans les grandes maisons parisiennes, les riches bourgeois reçoivent les artistes qui se rencontrent les uns les autres, échangent, partagent, s’influencent (et bien souvent vivent et survivent grâce à la fortune et la générosité de ces mécènes).
Parmi tous les salons en vogue, celui de Thadée NATANSON, dont l’épouse Misia (connue sous le nom de celui qui fut son dernier mari, José Maria Sert) est considérée comme l’une des plus belles femmes de l’époque. Les journalistes l’appellent la Reine de Paris», elle sera aussi le modèle et même l’égérie de plusieurs grands peintres comme MONET, BONNARD ainsi que d’un certain Henri de TOULOUSE-LAUTREC. (photo: Misia» par TOULOUSE-LAUTREC).

13335595_1196456593711508_5156690699751273411_n-3Ce natif d’Albi en 1864 (nous sommes donc 4 ans avant la Restauration officielle de l’ère Meiji) a quitté sa province et est « monté» à Paris. On l’appelle « l’âme de Montmartre», le quartier où il habite, ses peintures et ses affiches montrent le Moulin Rouge, les cabarets et théâtres dont « Le Divan Japonais».
De cette époque parisienne jusqu’à sa mort en 1901 à l’âge de 37 ans, Toulouse-Lautrec restera fortement marqué par le Japon. Bien sûr en étant influencé par les ukiyoe (les estampes) comme les impressionnistes (lui que l’on classe aujourd’hui comme un postimpressionniste), mais aussi par l’ensemble du pays et de sa culture.
Si vous allez au Château du Bosc, situé dans l’Aveyron mais tout proche d’Albi et où il a passé une partie de son enfance, vous découvrirez, précieusement conservées dans une vitrine par son arrière petite-nièce Mme Nicole TAPIE DE CELEYRAN, 4 poupées japonaises rapportées d’une Exposition Universelle (photo de gauche).

13335595_1196456593711508_5156690699751273411_n-1Et l’on sait aussi que TOULOUSE-LAUTREC était13335595_1196456593711508_5156690699751273411_n-2 pétri d’humour et d’auto-dérision. C’est ce trait de caractère (et non pas par moquerie comme le pense certains) qui le fit poser en grand habit de l’Empereur (ou du moins supposé l’être…!) comme le montrent les deux photos du bas.

Cette passion du génial peintre pour le Japon, le conservateur du Musée Toulouse-Lautrec à Albi a voulu la rappeler il y a quatre ans en y organisant une grande exposition d’estampes à l’occasion de sa réouverture totale après plusieurs années de restauration.

Et si aujourd’hui, de façon générale, beaucoup de Japonais connaissent TOULOUSE-LAUTREC et l’apprécient énormément, si Albi est l’une des villes qui accueillent le plus de touristes japonais en région Occitanie, c’est bien parce qu’ils reconnaissent en cet homme d’1,52m l’empreinte d’un géant de la peinture qui a été profondément intéressé et inspiré par leur pays sous l’ère Meiji.

En ce sens, les Japonais sont comme tout le monde: ils s’intéressent tout particulièrement à ceux qui s’intéressent à eux. Tout en étant d’ailleurs souvent surpris et étonnés de cet engouement pour leur pays…
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(C.Y.)