Il existe de nombreuses façons de retrouver aujourd’hui des témoignages de ce que fut l’époque Meiji et notamment de la véritable révolution industrielle qui contribua de manière essentielle au progrès et à la modernisation du pays. A ce sujet (ce qui n’est pas forcément toujours le cas, ou autant le cas que certains veulent bien le dire) on peut parler d’occidentalisation et de véritable transfert de technologie – le premier vers un pays asiatique.
Pour le découvrir et s’en convaincre, l’un des bons moyens est sans doute de découvrir les sites classés au Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Et le site de cet organisme nous propose un résumé tout à fait propice à cette découverte. Un résumé que nous prenons la liberté de reproduire ici dans son intégralité.
 
 
 
« Sites de la révolution industrielle Meiji au Japon : sidérurgie, construction navale et extraction houillère
 
Le bien est composé d’une série de vingt-trois composantes se trouvant essentiellement dans le sud-ouest du Japon. Cet ensemble témoigne du développement industriel rapide qu’a connu le pays entre le milieu du XIXe et le début du XXe siècle, fondé sur la sidérurgie, la construction navale et l’extraction du charbon. Ils illustrent le processus par lequel de Japon féodal chercha à opérer un transfert de technologie depuis l’Europe et l’Amérique à partir du milieu du XIXe siècle et la manière dont cette technologie fut adaptée aux besoins et aux traditions sociales du pays. Ce processus est considéré comme le premier transfert d’industrialisation réussi de l’Occident vers une nation non occidentale. (Photo de droite: Puits de mine de Miyanohara,  © Omuta City)
 
Valeur universelle exceptionnelle
 
Brève synthèse
Une série de sites du patrimoine industriel, situés essentiellement dans la région de Kyushu-Yamaguchi au sud-ouest du Japon, représente le premier transfert d’industrialisation réussi de l’Occident à une nation non occidentale. L’industrialisation rapide que connut le Japon entre le milieu du XIXe siècle et le début du XXe siècle était fondée sur la sidérurgie, la construction navale et l’extraction du charbon, surtout pour répondre aux besoins de défense. Les sites de la série reflètent les trois phases de cette industrialisation rapide réalisée sur une courte période d’une cinquantaine d’années, entre les années 1850 et 1910.
 
La phase initiale de la période d’isolement pré-Meiji Bakumatsu, à la fin du shogunat dans les années 1850 et au début des années 1860, fut une période d’expérimentation dans le domaine de la sidérurgie et de la construction navale. Suscitée par la nécessité d’améliorer les capacités de défense nationale, en particulier navales, en réponse à des menaces étrangères, l’industrialisation fut développée par des clans locaux à partir de connaissances empruntées à des sources occidentales, essentiellement des manuels occidentaux, associées aux savoir-faire traditionnels. La plupart de ces tentatives furent vouées à l’échec. Néanmoins, cette approche marqua une évolution importante par rapport à l’isolationnisme qui avait prévalu à la période Edo, et provoqua au moins en partie la restauration de Meiji. (Photo de gauche: Bois empilé délinéant les Cales Navales de Mietsu, © Saga City Board of Education).
 
La deuxième phase depuis les années 1860, accélérée par la nouvelle ère Meiji, impliqua l’importation de la technologie occidentale et la maîtrise des compétences permettant son exploitation ; alors que la troisième et dernière phase de la fin de l’ère Meiji (entre 1890 et 1910) correspond à une industrialisation locale à grande échelle, réalisée en adaptant activement les technologies occidentales pour répondre au mieux aux besoins et aux traditions sociales du Japon, selon ses propres modalités. La technologie occidentale fut adaptée aux besoins locaux et aux matières premières locales et fut organisée par des ingénieurs et des superviseurs locaux.
 
Les 23 éléments sont répartis dans 11 sites qui se trouvent dans 8 zones distinctes. Six des 8 zones se trouvent dans le sud-ouest du pays, une dans la partie centrale et une au nord de l’île du centre. Collectivement, les sites illustrent parfaitement la manière dont le Japon est passé d’une société basée sur des clans à une société industrialisée de premier rang avec des approches innovantes de l’adaptation de la technologie occidentale aux besoins locaux, et la manière dont il a profondément influencé le développement plus large de l’Extrême-Orient.
 
Après 1910, de nombreux sites sont devenus des complexes industriels à part entière, dont certains sont encore en fonctionnement ou font partie de sites opérationnels.
 
Critère (ii) : Les sites de la révolution industrielle Meiji illustrent le processus par lequel le Japon féodal chercha à opérer un transfert de technologie depuis l’Europe et l’Amérique à partir du milieu du XIXe siècle et la manière dont cette technologie fut adoptée et progressivement adaptée aux besoins et aux traditions sociales du pays, permettant ainsi au Japon de devenir une nation industrielle de rang mondial au début du XXe siècle. Les sites représentent collectivement un échange considérable d’idées, de savoir-faire et d’équipements industriels qui a entraîné dans un court laps de temps l’émergence sans précédent d’un développement industriel autonome dans le domaine de l’industrie lourde qui eut de profondes répercutions sur l’Extrême-Orient.
 
Critère (iv) : L’ensemble technologique des principaux sites industriels de sidérurgie, de construction navale et d’extraction du charbon est un témoignage de la réussite exceptionnelle du Japon dans l’histoire du monde en tant que première nation non occidentale à avoir réussi son industrialisation. Vu comme une réponse culturelle asiatique aux valeurs industrielles occidentales, l’ensemble est un exemple technologique exceptionnel de sites industriels qui reflète l’industrialisation rapide et originale du Japon sur la base de l’innovation locale et de l’adaptation des technologies occidentales.
 
Intégrité
Les éléments qui composent la série comprennent tous les attributs nécessaires de la valeur universelle exceptionnelle. Concernant l’intégrité des sites individuels, bien que leur degré de conservation soit variable, ils possèdent les attributs nécessaires pour traduire la valeur universelle exceptionnelle. Les vestiges archéologiques semblent être importants et méritent un inventaire détaillé et une protection vigilante. Ils contribuent largement à l’intégrité du bien. Certains attributs sont vulnérables ou très vulnérables du point de vue de leur état de conservation. La mine de charbon de Hashima présente un état de détérioration et des défis importants de conservation (photo de gauche: Vue aérienne de la mine de charbon de Hashima,  © Nagasaki Prefecture). À la mine de charbon et port de Miike, une partie du tissu physique est en mauvais état. Le tissu physique de l’atelier de réparation des Aciéries impériales est en mauvais état, bien que des mesures de conservation temporaires aient été mises en place. Certains sites présentent des vulnérabilités en raison de l’impact du développement, en particulier en termes visuels. À l’Académie Shokasonjuku, l’intégrité visuelle de l’environnement est perturbée par la transformation du site en un lieu d’expérience historique. Toutefois, cet aménagement ne compromet pas l’intégrité globale du site. L’intégrité visuelle de la mine de charbon de Takashima est compromise par un aménagement commercial et résidentiel à petite échelle, tandis qu’à Shuseikan, la résidence des ingénieurs étrangers a été déplacée deux fois et est aujourd’hui située à proximité de son emplacement d’origine. Elle est entourée par un développement urbain à petite échelle qui a un impact négatif sur son environnement, qui ne pourra être mis en valeur qui si les bâtiments alentour sont détruits et si tout développement supplémentaire est contrôlé grâce au processus législatif et à la mise en œuvre du plan de gestion de la conservation. (Photo en couverture: Chambre d’hôtes de Mitsubishi Senshokaku, © Mitsubisi Heavy Industries, Ltd. Nagasaki).
 
Authenticité
En termes d’authenticité des sites individuels, bien que certains des attributs des éléments du bien soient fragmentaires ou se réduisent à des vestiges archéologiques, ils sont des témoignages identifiables et authentiques d’équipements industriels. Ils possèdent un haut degré d’authenticité en tant que sources principales d’information, assorties d’études et de rapports archéologiques détaillés et documentés et d’un important catalogue des sources détenues dans des archives publiques et privées.
 
Globalement, la série traduit convenablement la manière dont le Japon féodal a recherché le transfert de technologie d’Europe et d’Amérique depuis le milieu du XIXe siècle, et l’a adapté pour satisfaire ses besoins nationaux et ses traditions sociales spécifiques.
 
Eléments requis en matière de protection et de gestion
Plusieurs instruments de la protection législative existante, tant nationaux que régionaux, offrent un degré élevé de protection aux sites proposés pour inscription et aux zones tampons associées. Le lien entre les différents types de législations est fourni dans les plans de gestion de la conservation pour chaque zone. Les plus importants de ces instruments sont la Loi pour la protection des biens culturels qui s’applique aux sites non opérationnels et la Loi sur le paysage qui s’applique aux sites privés et toujours opérationnels qui sont protégés en tant que structures ayant une importance pour le paysage. Cela s’applique aux quatre éléments détenus et exploités par Mitsubishi Heavy Industries Ldt. aux chantiers navals de Nagasaki et aux deux éléments détenus et exploités par Nippon Steel & Sumitomo Metal Corporation aux Aciéries impériales. La Loi pour la protection des biens culturels est le principal mécanisme de réglementation pour tout développement ou changement de l’état l’existant d’un lieu classé, qui impose une autorisation préalable du gouvernement national (photo de droite: Autel, © Kamaishi City). De même, la Loi sur le paysage impose une demande d’autorisation avant toute modification d’une structure ayant une importance pour le paysage, et les propriétaires de ces structures doivent les conserver et les gérer de manière appropriée. Le contrôle du développement et des activités dans les zones tampons est dans une large mesure réglementé par les ordonnances sur le paysage urbain qui limitent la hauteur et la densité de tout projet de développement. Des plans de gestion de la conservation pour chacun des éléments ont été mis au point et détaillent la manière dont chaque élément contribue à la VUE de la série proposée pour inscription. Les « politiques de base » des plans offrent une approche cohérente et globale bien qu’il y ait des variations au niveau des détails fournis pour la mise en œuvre des travaux dans chaque élément.
 
Le gouvernement japonais a institué un nouveau cadre, fondé sur le partenariat, pour la conservation et la gestion du bien et de ses éléments, y compris les sites en exploitation, intitulé : Principes généraux et cadre stratégique pour la conservation et la gestion des sites de la révolution industrielle Meiji : Kyushu-Yamagachi et zones associées. Le Secrétariat du Cabinet du Japon a la responsabilité globale de la mise en œuvre de ce cadre. Dans ce cadre stratégique, un large éventail de parties prenantes, notamment les agences gouvernementales nationales et locales et les entreprises privées concernées, développeront un partenariat étroit pour protéger et gérer le bien. En plus de ces mécanismes, les entreprises privées Mitsubishi Heavy Industries Ldt., Nippon Steel & Sumitomo Metal Corporation et Miike Port Logistics Corporation ont passé des accords avec le Secrétariat du Cabinet afin de protéger, conserver et gérer les éléments du bien dont ils sont propriétaires. Une attention devrait être portée sur le suivi de l’efficacité du nouveau cadre fondé sur le partenariat et la mise en place d’un programme continu de renforcement des capacités pour le personnel. Il est aussi nécessaire de s’assurer que des conseils avisés en matière de patrimoine soient disponibles systématiquement pour les sites détenus par des propriétaires privés. Il est urgent de procurer une interprétation claire qui montre comment chaque site ou élément est lié à la série dans son ensemble, en particulier la manière dont ils reflètent une ou plusieurs phases de l’industrialisation du Japon et traduisent leur contribution à la valeur universelle exceptionnelle. (Photo de gauche: Fours à réverbères de Nirayama, © Izunokuni City) »
(Cliquez ici pour retrouver l’original ainsi que l’intégralité des photographies de cette présentation sur le site internet de l’UNESCO).
 
 
 
De la même manière, il est possible de découvrir les témoignages d’un autre bouleversement qui s’opéra à l’ère Meiji: la liberté – il est vrai progressive – de pratiquer la religion catholique. Comme nous le présentons dans d’autres articles rédigés par M. Bruno JAMES, cette religion fut un temps autorisée, puis longtemps interdite au Japon. Cependant, quelques Japonais convertis à cette religion entretinrent leur foi durant toute cette longue période d’interdiction. Et ceci, au péril de leur vie, toute pratique catholique conduisant à une peine de mort immédiate.
Et ce n’est que très récemment, en cette année 2018, que l’UNESCO a formellement inscrit sur la Liste de son Patrimoine mondial plusieurs sites de ce que l’on appelle « les chrétiens cachés du Japon ». En voici le résumé intégral:
 
 » Sites chrétiens cachés de la région de Nagasaki
 
Situés dans la partie nord-ouest de l’île de Kyushu, ce bien en série comprend dix villages, le château Hara et une cathédrale, construits entre les XVIIe et XIXe siècles. Ils reflètent une période d’interdiction de la foi chrétienne, puis la revitalisation des communautés chrétiennes après la levée officielle de l’interdiction en 1873. Ces sites apportent un témoignage unique sur la tradition culturelle particulière nourrie par les chrétiens cachés de la région de Nagasaki, qui transmirent secrètement leur foi chrétienne pendant la période d’interdiction, du XVIIe au XIXe siècle.
 
Valeur universelle exceptionnelle
 
Brève synthèse
Situé dans les préfectures de Nagasaki et Kumamoto dans la partie nord-ouest de l’île de Kyushu dans l’archipel nippon, le bien en série « Sites chrétiens cachés de la région de Nagasaki » est composé de 12 éléments constitutifs comprenant 10 villages, les vestiges d’un château et une cathédrale datant d’entre les XVIIe et XIXe siècles. Ils reflètent une période d’interdiction de la foi chrétienne, puis la revitalisation des communautés chrétiennes après la levée officielle de l’interdiction en 1873. Des chrétiens cachés survécurent en tant que communautés qui donnèrent naissance à des petits villages situés sur la côte ou sur des îles éloignées vers lesquelles ils migrèrent pendant l’interdiction de pratiquer la foi chrétienne. Les chrétiens cachés ont donné naissance à une tradition religieuse distincte, qui était apparemment vernaculaire mais a maintenu l’essence de la religion chrétienne, et ont survécu en conservant leur foi au cours des deux siècles qui ont suivi. (Photo de gauche: Église de Shitsu avec ses deux clochers,  © Nagasaki Préfecture).
 
Critère (iii) : Les sites chrétiens cachés de la région de Nagasaki apportent un témoignage unique sur une tradition religieuse particulière alimentée par des chrétiens cachés qui transmirent secrètement leur foi dans le christianisme pendant la période d’interdiction qui dura plus de deux siècles au Japon, du XVIIe au XIXe siècle.
 
Intégrité
Les 12 éléments constitutifs non seulement comprennent tous les éléments nécessaires pour exprimer la valeur universelle exceptionnelle du bien, mais ils sont aussi d’une taille suffisante et dans un bon état de conservation. Des mesures de protection complètes et précises ont été prises pour chacun des éléments constitutifs en fonction de toutes les lois et réglementations nationales applicables – y compris la loi pour la protection des biens culturels. Une protection appropriée est assurée dans les zones tampons du bien non seulement par la loi pour la protection des biens culturels, mais aussi par la loi sur les paysages et d’autres lois et réglementations pertinentes. En conséquence, le bien n’est aucunement affecté par les répercussions négatives liées au développement ou à l’abandon et il a bénéficié d’une conservation efficace de même que son paysage environnant.
 
Authenticité
Chaque élément constitutif du bien conserve un haut degré d’authenticité sur la base des attributs sélectionnés en fonction de sa nature. Les villages possèdent un haut degré d’authenticité dans
leurs attributs de « forme et conception », « usage et fonction », « traditions, techniques et systèmes de gestion », « situation et cadre » et « esprit et impression ». L’élément constitutif « Vestiges du château de Hara » a perdu son authenticité liée à l’usage et à la fonction dans la mesure où il s’agit d’un site archéologique, mais il conserve un haut degré d’authenticité par rapport aux autres attributs. La cathédrale d’Oura et l’église d’Egami du village d’Egami (photo de droite,  © Nagasaki Préfecture)  sur l’île de Naru possèdent un haut degré d’authenticité en termes de « matériaux et substance » en plus des autres attributs car ce sont des œuvres architecturales.
 
Éléments requis en matière de protection et de gestion
Le bien et ses zones tampons sont conservés de manière satisfaisante en vertu de diverses lois et réglementation, y
compris la loi pour la protection des biens culturels. En outre, les préfectures de Nagasaki et Kumamoto et les municipalités concernées ont formulé un solide plan de gestion et de préservation global du point de vue de la sauvegarde de la valeur universelle exceptionnelle du bien dans son ensemble. Le cadre d’application de ce plan comprend un Conseil d’utilisation et de préservation du patrimoine mondial qui travaille en coopération avec les propriétaires des éléments constitutifs et les autres parties prenantes. Le Conseil vise à assurer la protection, la mise en valeur et l’utilisation appropriées du bien. Le Conseil reçoit des conseils et consulte des experts d’un comité académique (le Comité académique du patrimoine mondial de Nagasaki) ainsi que de l’Agence pour les affaires culturelles, qui est le principal organisme chargé de la protection des biens culturels du Japon. (Photo de gauche: Cathédrale d’Oura,  © Nagasaki Préfecture) « .
(Cliquez ici pour retrouver l’original ainsi que l’intégralité des photographies de cette présentation sur le site internet de l’UNESCO)
 
 
 
Troisième et dernier exemple de sites inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO qui a fait l’objet d’un article détaillé sur notre site à travers la fabuleuse histoire de Paul BRUNAT: la filature de Tomioka.
 
« Filature de soie de Tomioka et sites associés
 
Créé en 1872, ce complexe historique séricicole et de filature de la soie se situe dans la préfecture de Gunma, au nord-ouest de Tokyo. Construit par le gouvernement, avec des machines importées de France, il se compose de quatre sites qui correspondent aux différentes étapes de la production de soie grège : élevage des cocons dans une ferme expérimentale ; site de stockage des graines (œufs des vers à soie) dans des caves à température constante ; dévidage des cocons et filature de la soie grège en usine ; magnanerie-école pour la diffusion des connaissances séricicoles. Le site illustre la volonté du Japon d’accéder rapidement aux meilleures techniques de la production de masse et il a été un élément décisif du renouveau de la sériciculture et de la soierie japonaise dès le dernier quart du XIXe siècle. Il témoigne de l’entrée du pays dans le monde moderne industrialisé. Le Japon va devenir le leader de la production séricicole et le premier exportateur mondial, notamment vers la France et l’Italie (photo de gauche: Filature de soie de Tomioka et sites associés, © Gunma Prefecture).
 
Valeur universelle exceptionnelle
 
Brève synthèse
La filature de soie de Tomioka remonte aux débuts de l’ère Meiji. Avec ses sites associés comprenant deux magnaneries-écoles et une conserverie, elle illustre la volonté du Japon, producteur traditionnel de soie, d’accéder rapidement aux meilleures techniques de la production de masse. Le gouvernement du Japon importe des machines et un savoir-faire industriel d’origine française pour créer un système intégré dans la préfecture de Gunma. Celui-ci comprend la production des graines, l’élevage du ver à soie et la construction d’une grande usine de dévidage et de filature mécanisée de la soie grège. À son tour, le complexe modèle de Tomioka et ses sites associés furent un élément décisif du renouveau de la sériciculture et de la soierie japonaise, dès le dernier quart du XIXe siècle, et un élément clé de son entrée dans le monde moderne industrialisé (photo de droite: Filature de soie de Tomioka et sites associés, © Isesaki City).
 
Critère (ii) : La filature de Tomioka illustre le transfert précoce et pleinement réussi des techniques séricicoles industrielles françaises au Japon. Ce transfert technique prend place au sein d’une longue tradition régionale de l’élevage du ver à soie qu’il renouvelle profondément. À son tour, Tomioka devient un lieu de perfectionnement technique et un modèle qui consacre le rôle du Japon sur le marché mondial de la soie grège, dès le début du XXe siècle, et qui témoigne de l’avènement précoce d’une culture séricicole internationale partagée.
 
Critère (iv) : Tomioka et ses sites associés forment un exemple exceptionnel d’un ensemble intégré de la production de masse de la soie grège. L’étendue de l’usine, dès sa conception, et l’adoption délibérée des meilleures techniques occidentales illustrent une période décisive de la diffusion des méthodes industrielles vers le Japon et l’Extrême-Orient. Ses grands bâtiments de la fin du XIXe siècle offrent un exemple éminent de l’émergence d’un style d’architecture industrielle propre au Japon, synthèse d’éléments étrangers et locaux.
 
Intégrité
L’intégrité de composition du bien en série est bonne, illustrant la notion de complexe productif d’un matériau textile intermédiaire, la soie grège. L’intégrité structurelle et fonctionnelle de chacune des composantes est plus inégale et parfois un peu difficile à comprendre pour le visiteur, notamment pour la magnanerie-école de Takayama-sha et la conserverie d’Arafune. L’intégrité paysagère, en relation avec les zones tampons, doit faire l’objet d’une attention particulière.
 
Authenticité
L’authenticité des éléments présentés est généralement satisfaisante dans ses différentes dimensions de structure, de forme et de matériaux. L’authenticité perçue est remarquable à l’usine de Tomioka, qui a conservé son équipement complet de machines textiles. Les actions de restauration sur le site d’Arafune doivent rester dans un cadre strictement contrôlé du point de vue de l’authenticité qui doit demeurer de nature archéologique.
 
Eléments requis en matière de protection et de gestion
Chacun des quatre biens composant la série est protégé par la loi de protection des biens culturels du Japon. Les principaux bâtiments sont aussi protégés comme biens culturels d’importance nationale. En application de cette loi, chacun des sites bénéficie d’un plan de préservation et de gestion déjà en place, sous l’égide des villes et des municipalités, y compris dans le cas de la propriété privée de Tajima Yahei (S2). Dans la continuité de cette politique de protection, les zones tampons correspondent à une volonté de maîtriser l’environnement urbain et naturel par des mesures a priori strictes. Le système de gestion s’appuie sur les services compétents des municipalités, de la Commission des affaires culturelles de la région de Gunma et sur une série d’institutions scientifiques en relation avec le patrimoine régional de la soie, ainsi que sur des associations de volontaires. Le Comité de coordination est une instance transversale de coordination au fonctionnement effectif depuis le printemps 2012 (photo de gauche: Filature de soie de Tomioka et sites associés, © Gunma Prefecture)
(Cliquez ici pour retrouver l’original ainsi que l’intégralité des photographies de cette présentation sur le site internet de l’UNESCO)
 
 
 
(C.Y.)